Orthez : des citoyens acteurs de leur propre culture

Lors des Journées du patrimoine en septembre 2012, Delphine Balley a livré la première photographie (d’une série de cinq), réalisée dans le cadre de la commande Nouveaux commanditaires. Pour cet évènement, la municipalité d’Orthez a proposé à Delphine Balley d’exposer la photographie à proximité du tableau de Claudius Jacquand sur la mort de l’ange de Foix.

 Quand il s’est fait connaître en Béarn, le concept original des Nouveaux commanditaires, soutenu par la Fondation de France, n’a pas échappé à la directrice artistique du centre d’art Image/Imatge : Émilie Flory a décidé de s’emparer de ce dispositif culturel pour réunir un groupe d’Orthéziens souhaitant réfléchir sur l’image de leur ville, ce qui la représente et ce qui rassemble les habitants. En partenariat avec l’association pointdefuite qui porte l’action Nouveaux commanditaires en Aquitaine, Image/Imatge a accompagné le groupe de commanditaires pendant plusieurs mois pour passer commande d’une oeuvre auprès d’un artiste contemporain.

Le collectif s’en est remis à la photographe Delphine Balley, en lui soumettant cinq pistes de travail qui prendront forme durant l’année 2013 : le carnaval, le basket-ball, le « pèle porc « , le clivage entre protestants et catholiques et la mort du fils de Gaston Fébus.

« J’arrive avec un oeil neuf, je ne connais pas les gens et je dois prendre en compte la demande du collectif tout en préservant mon axe professionnel » explique Delphine Balley. L’artiste aime aller chercher dans les rituels et les origines pour composer, mettre en scène ses photos. « Je me documente beaucoup en amont sur l’histoire du lieu, un peu comme un travail d’ethnologue. »

« Il faut énormément échanger, ne pas avoir peur de casser les tabous, les préjugés, et parfois tout recommencer » poursuit la photographe.  » C’est un processus assez long qui créé forcément du lien. Cela demande un an de travail plus une année de préparation. C’est une drôle d’alchimie : ou ça fonctionne, ou rien ne se passe.  »

Pour nourrir son imaginaire, notamment pour sa première photo sur la mort du fils de Gaston Fébus, Delphine Balley a pris appui sur des relais locaux qui pouvaient apporter de l’eau à son moulin, comme le musée, l’association Per Noste ou encore Cécile Tison, historienne. « Munie de leurs précieux savoirs, j’ai imaginé l’après mort de l’ange de Foix, que j’ai mis en scène en rassemblant des objets évoquant les symboles liés à cette tragédie. Je suis allée chercher par exemple des chiens de chasse empaillés, je me suis inspiré aussi des enluminures du livre des Oraisons de Gaston Fébus. J’ai rencontré une soeur au monastère de Urt qui m’a fabriqué une cire de deuil, que l’on aperçoit sur l’image. J’ai trouvé un mortier en marbre blanc pour suggérer le poison », détaille l’artiste.

Il lui reste désormais quatre photos à concevoir, pendant que le groupe réfléchit actuellement aux lieux d’exposition. « Cela doit être obligatoirement des espaces publics accessibles à tous », précise Fabienne Pit, élue et membre du groupe. L’hôpital, la gare, la Moutète, la mairie ont été évoqués, mais rien n’est encore tranché. En 2013 ces oeuvres circuleront dans la cité pour raconter aux passants des moments forts de l’histoire orthézienne, en les interpellant, sans aucun doute.

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/09/24/quand-des-citoyens-deviennent-acteurs-de-leur-propre-culture